Sahara Algérien 1990 – “Voler sur le silence”


En 1990, j’ai vécu l’une des expériences les plus pures et intemporelles de ma vie : la traversée du désert algérien, jusqu’à la ville oasis de Djanet, aux confins du Tassili n’Ajjer.

Un voyage à pied, en bivouac, dans un monde de sable, de roches et de silence, accompagné d’un ami pas comme les autres : Hervé, professeur de parapente.

🕌 Alger : premières nuits d’Orient

Nous avons atterri à Alger, cette ville blanche accrochée à la Méditerranée. Deux nuits pour s’imprégner de ses ruelles animées, des effluves de menthe, de jasmin, de tabac blond. Deux nuits pour ressentir que déjà, un autre rythme s’installait : celui de l’attente, du thé lentement servi, du temps qui prend son temps.

Puis, direction le Sud. Le grand Sud. Là où le monde change de texture.

🏜 Le désert : l’art du dépouillement

Accompagnés de quelques guides touaregs, de deux véhicules tout-terrain et du strict nécessaire, nous avons pris la route vers l’immensité saharienne. Le Sahara algérien est un océan de sable et de pierre, un lieu où le superflu disparaît.

Chaque jour, nous avancions à pied ou en véhicule, pour bivouaquer le soir sous les étoiles, dans une clarté qui n’existe qu’au désert. Le feu était allumé avec parcimonie, et chaque geste devenait rituel : monter la tente, creuser pour le pain, faire chauffer le thé trois fois.

Je n’oublierai jamais le moment où l’un de nos guides touaregs a enfoui une galette de pain dans le sable chauffé par le soleil… Quelques heures plus tard, nous dégustions un pain tendre, parfumé, encore tiède, sorti tout droit du ventre du désert. C’était presque sacré.

🪂 Hervé et le vent des dunes

Mais ce qui a rendu ce voyage vraiment unique, c’est la présence d’Hervé, professeur de parapente et poète du ciel. Chaque jour, dès que le vent le permettait, il décollait des dunes, et parfois nous avec lui.

Le contraste était saisissant : voler au-dessus du désert, en silence, juste porté par l’air chaud, avec l’ombre d’une voile glissant sur les crêtes de sable. Nous étions suspendus entre ciel et terre, entre deux infinis.

Une fois, alors que je flottais lentement au-dessus d’une mer de dunes dorées, j’ai eu l’impression de voler au-dessus du temps lui-même. Le désert en bas, l’éternité en face.

🌌 Une aventure intérieure

Ce voyage, aussi physique que contemplatif, a été une véritable plongée intérieure. Le désert vous dépouille, vous ralentit, vous met face à vous-même.

Il vous enseigne que le vrai luxe, c’est le silence, la lumière du soir, et un thé partagé sans un mot.

💫 Ce que m’a laissé le Sahara

Le Sahara m’a appris l’essentiel : marcher sans bruit, accueillir le vide, honorer le moment présent.

Et surtout, que même dans l’endroit le plus aride, l’aventure peut être aussi légère qu’un vol de parapente au-dessus des dunes.

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